SOLDES

Un long soupir de satisfaction parcourut la foule agglutinée devant le magasin. La porte s’ouvrait enfin après trois heures d’attente.

L’homme se rua en avant, trop tard ou trop vite, l’entrée n’était plus qu’un amalgame compact de corps d’où émergeaient, çà et là, une main agitée de soubresauts ou une tête tendue vers le ciel.

Poussant, poussé, l’homme ne sentit pas une main agile se glisser dans sa poche-revolver pour en extraire son porte-monnaie. Il avait perdu la notion du temps et de la distance lorsqu’il fut propulsé à l’intérieur.

Le regard braqué sur les pancartes indicatives, oscillant au gré du flux, il parvint près d’un bac où ne restaient que deux sentiments à prix réduit et de nombreuses mains avides de s’en emparer.

L’homme n’hésita pas, il plongea, mordit, griffa, hurla peut-être, tordit un poignet, écrasa quelques doigts mais il recula vainqueur, cachant sa prise au creux du bras.

Seul dans une cabine d’essayage, il constata que la chance lui avait souri : le sentiment de confiance en soi était de marque et sans défaut. Ni trop grand ni trop petit, il lui seyait à merveille. L’homme, buste droit et sourire aux lèvres, le portait sur lui lorsqu’il se dirigea vers la caisse.

—  Les actions ne sont ni échangées ni reprises. Carte ou espèces ? demanda la caissière.

—  Espèces, répondit l’homme serein, avant de plier le bras pour atteindre la poche arrière de son pantalon.