Le 2 mai 2013 à 10 h, la classe 1111A du Collège des Voirets (Genève) prend place sur la Scène Suisse. Cornélia de Preux lit le début du roman avant de donner quelques consignes. Les élèves répartis en plusieurs groupes imaginent décor, personnages et rebondissements.
En classe, les élèves écrivent ensuite collectivement des textes sur la base de ce qu’ils ont élaboré au Salon. Ils disposent de trois périodes de 45 minutes pour l’exercice. Le 31 mai, l’auteure les retrouve pour échanger autour de leurs productions et répondre à leurs questions.
L’imagination a été galopante, la rencontre belle. Merci à Marie-Gabrielle Montessuit, l’enseignante qui s’est embarquée dans l’aventure! Merci à Maë, Pauline, Soumeya, Valentine, Dushan, Jessica, Loris, Mathias, Samuel, Marion, Josué, Laurine, Yousra, Gaëtan, Gil, Jimmy, Tobias, Alexis, André, Deniz et Vincenzo… d’avoir joué le jeu!
Découvrez ci-dessous tous les textes ainsi que des photos prises au Salon du Livre le 2 mai.
Les textes:
A partir de: Cornélia DE PREUX, L’Aquarium, Editions Plaisir de lire
Avertissement
Tout a commencé par un coup de fil… coup de tête ?… coup de chance ! Les textes qui suivent ont été écrits par des élèves de 11e année du cycle d’orientation suite à un atelier animé par Cornélia De Preux au Salon du livre et de la presse le jeudi 2 mai 2013. De retour en classe, les élèves ont pratiqué une écriture collective sur une durée de trois périodes. Les textes n’ont été soumis à aucune correction ou évaluation de l’enseignante hormis le « toilettage » orthographique. Ce ne sont donc pas des produits finis, mais une étape du long processus de création littéraire qui sont reproduits ci-après.
M-G Montessuit
Le dîner canadien touche à sa fin. […]
Ils rentrèrent, heureux, à la maison sauf le père qui restait en retrait. Le père demanda au reste de la famille de le suivre pour ce qu’il appelait des explications.
Le père entra dans la cave et alluma la lumière. Ce fut un choc. La cave avait changé du tout au tout : le frigo se trouvait au fond de la pièce, un aquarium était disposé sur le côté, du sable était étalé par terre, des matelas et quelques couvertures. Louis, le plus petit de la famille, courut vers l’aquarium et s’adressa à sa sœur :
– Elisa, regarde, il y a des poissons ! dit Louis.
– Non, mon chéri, ce sont des langoustes, rétorqua le père.
Le père se retourna vers sa femme en ayant l’air désolé et lui dit :
– Je viens de commettre une terrible erreur.
Elle remarqua le sable sur le sol et les cannes à pêche. A ce moment-là elle comprit.
– Serait-ce cela que tu qualifierais de vacances ?
– Je suis désolé chérie, mais malheureusement peu d’argent est rentré ce mois-ci. Nous devons faire bonne figure devant les voisins. Malheureusement, nos îles Fidji ressembleront à ça.
Pierrette, la mère, malgré sa réticence accepta le projet de son mari.
En l’espace de quelques instants, le père se mit toute la famille à dos.
La complicité entre la mère et les enfants se renforçait de jour en jour, tandis que le mari tentait tant bien que mal de se réintégrer auprès de ses proches.
Lors de la dernière semaine, tous les détails furent mis en place.
Le jour J arriva plus tôt que prévu…
Toute la petite famille s’installa dans la cave. Après deux jours passés dans le sous-sol, l’ambiance était devenue insupportable, alors le père décida de parler sérieusement aux siens.
Après cette longue discussion, la famille était plus proche que jamais.
Mais ce soir-là, au moment du repas, Vladimir cassa cette merveilleuse ambiance par une blague déplacée sur les enfants adoptés. Un silence mortel s’ensuivit. Des regards suspects entre la mère et le père. Vladimir regarda ses parents et les interrogea :
– Mais que se passe-t-il ?
– Ecoute, Vlad’, je pense que c’est le bon moment pour que cette réalité refasse surface, répondit la mère. Vlad’, mon chéri, en fait tu n’es pas vraiment de nous. Tu es notre fils, cela est une réalité, mais pas biologiquement…
– Tu as été adopté… ajouta son père.
Tous les yeux se tournèrent vers Vladimir. Tout le monde était en état de choc. Celui-ce resta sans voix et le reste de la soirée se passa dans un silence glacial.
La nuit tombée, Vladimir partit dans une colère noire. Il attendit que ses parents dorment profondément avant d’agir : il avait un plan.
Il se leva de son lit, s’approcha lentement de celui de ses parents et, à l’aide d’une corde, il lia délicatement leurs mains.
Ensuite, il s’approcha de sa sœur dans un silence sinistre. Il l’attrapa, lui ôta ses vêtements. Sa sœur cria, les parents se réveillèrent, le viol commença. L’acte ne dura qu’un bref instant mais cela suffit pour traumatiser l’ensemble de la famille.
Le père après tant d’efforts réussit enfin à se libérer. Il attrapa son fils et le jeta contre l’aquarium. Celui-ci se brisa et des éclats de verre blessèrent Vladimir. Du sang jaillissait de ses entailles.
L’aîné sentit une main froide se poser sur son front, il ouvrit les yeux, sa mère se tenait là et le regardait de son plus beau sourire.
Tout ça n’était qu’un rêve… un mauvais rêve.
Maë, Pauline, Soumeya, Valentine
[…]
Cinq jours après, Bécassine ayant marre d’être à la cave commença à consommer de plus en plus de drogue. Dans la nuit de vendredi à samedi, elle mourut d’une overdose.
Le reste de la famille s’en rendit compte le lendemain au réveil. La famille ne sachant pas quoi faire décida de la cacher sous la paille.
Deux jours plus tard, l’odeur de pourriture qui se dégageait du corps de Bécassine se répandait dans toute la cave. Le petit Croquette n’arrêtait pas de pleurer. Jean-François ne supportant plus l’odeur de sa femme et les cris du petit Croquette. Alors il décida de réunir le reste de sa famille pour avoir une discussion à propos de la mort de leur mère.
Le père lança le sujet :
– Que devons-nous faire avec votre mère ?
– Et si on la mangeait, dit Heidi.
– Et si on la brûlait s’exclama Tom.
– Non, non, on va la mettre dans le congèl, dit Croquette.
Alors, le père approuva l’idée du petit Croquette, il démembra sa femme et la mit dans le congélateur.
Le deuxième jour de la deuxième semaine, Heidi mourant de faim demanda à son père si elle pouvait monter à l’étage supérieur pour aller chercher son pot de Nutella. Le père refusa car les voisins pourraient la voir. Pendant la nuit, la petite Heidi, prise d’une faim aigue, décida d’aller chercher son pot de Nutella.
En ouvrant l’armoire, elle remarqua que le pot était vide et vit une souris traîner dans le pot dont elle avait mangé tout le contenu.
La petite Heidi mourant de faim mangea la souris d’une seule bouchée. Elle s’étouffa, tomba par terre et réveilla son père.
Le voisin qui fumait sa cigarette entendit du bruit et décida d’aller voir.
Il prit son arme pour plus de sécurité. Il défonça la porte et vit deux ombres, donc il tira sans aucune hésitation sur la cible debout.
Après avoir tiré, il alla allumer la lumière. Il vit son voisin qui gisait sur le sol avec une balle dans la tête.
Le voisin ne sachant que faire décida de mettre le feu. Tom qui n’arrêtait pas de jouer sur sa playstation 3 ne sentit pas l’odeur de la fumée. Il étouffa.
Le petit Croquette, lui, plus intelligent, sortit sa mère du congélateur et prit sa place.
Les pompiers arrivèrent trois heures après et sauvèrent le petit Croquette.
Dushan, Jessica, Loris, Mathias, Samuel
Tout a commencé lors d’un repas canadien. […]
Ils arrivèrent dans la cave. Ils s’apprêtaient à y passer deux semaines. Le père avait amassé suffisamment de vivres pour y tenir plusieurs mois. Des conserves et des plats déjà préparés ; c’est tout ce qu’ils pouvaient manger comme ils ne pouvaient pas se permettre d’allumer un feu.
La cave était spacieuse et contenait des lits, des douches et des toilettes. La grande bibliothèque où se trouvait la télévision avait été déplacée dans ce grand espace gris, sombre et triste. Le jour du départ, ils avaient fermé les stores, éteint la télévision et les lumières.
Une sensation de vide envahit les enfants Birgus ; ils se rendaient compte qu’ils n’allaient pas passer les merveilleuses vacances promises.
« Adieu soleil, air frais et verdure », pensa la mère en fermant la dernière fois la porte de la cave.
Ils se réunirent dans le petit salon improvisé fait de fauteuils installés en rond au milieu de la pièce.
Le père leur expliqua brièvement comment ils allaient vivre, en insistant bien sur le fait de ne donner jamais signe de vie, ou même d’ouvrir la porte.
Après leur petite réunion, chacun vaqua à ses occupations. Kevin et Vladimir allumèrent la télévision tandis que leur sœur, Violette, se pomponnait devant le miroir. La mère, vexée de la décision de son mari, considérant qu’il l’avait prise arbitrairement s’approcha de lui.
– Tu es tombé sur la tête ! s’exclama-t-elle. Te rends-tu compte de l’exemple que tu donnes à tes enfants ?
– J’en avais marre de les voir se vanter sans pouvoir faire de même, rétorqua-t-il.
– Tu es un grand malade, je ne sais même pas pourquoi je t’ai suivie dans cette cave !
– Parce qu’au fond de toi, je sais que tu penses la même chose.
Tatiana le regarda avec dédain et alla nourrir une énième fois les poissons, installés dans un grand aquarium prenant tout un pan de mur.
Vladimir s’approcha de sa mère et lui demanda de lui donner un poisson.
– Mais pourquoi ? demanda-t-elle.
– Parce que c’est bon.
– On ne peut pas les cuire
– C’est pas grave, c’est bon aussi.
Tatiana, en colère, arriva vers son mari en lui reprochant d’avoir transmis sa bêtise à ses enfants. Constantin se tut.
Pour les enfants, la journée s’était passée rapidement mais la mère, toujours vexée par la décision de son mari, ne savait pas quoi faire de sa journée et tournait en rond.
Quelques jours passèrent et les enfants commençaient à se lasser de ce train de vie, Kevin de sa console, Violette de ne pas voir son copain et Vladimir de regarder les poissons. Même Constantin s’ennuyait au fond de lui mais ne le montrait pas.
Les parents ne savaient pas que Violette fréquentait le fils des Rotengle, Nicolas. Violette et Nicolas se voyaient depuis quelque temps tous les jours après les cours.
Après un court instant de réflexion, Violette se dit qu’elle ne pouvait pas continuer comme ça et elle attendit la nuit pour aller chercher son téléphone portable à l’étage.
La nuit tombée et la famille couchée, Violette prit son natel et téléphona à Nicolas pour lui donner un rendez-vous au coin de la rue dix minutes plus tard.
Nicolas, surpris, et étonné d’entendre la voix de Violette, décida d’y aller par curiosité.
Violette était angoissée mais se réjouissait de le voir. Pendant que les deux amoureux étaient ensemble, le père s’était réveillé. Il avait remarqué l’absence de Violette. Il était énervé et stressé mais ne pouvait pas sortir la chercher.
Quand elle revint, il ne put s’empêcher de montrer sa colère et commença à crier. Toute la famille se réveilla et essaya de le calmer. Violette avait peur, Constantin, pris d’une rage folle, donna un coup dans l’aquarium et le cassa. Malheureusement, le plus petit, Vladimir, était en train d’observer les poissons à ce moment-là.
L’aquarium se brisa en mille morceaux et amocha Vladimir.
Le père, voyant ce qu’il avait provoqué, se calma et culpabilisait.
Vladimir devait se faire soigner et tatiana, dépassée par les événements, l’emmena à l’hôpital.
Le lendemain, tout le monde était au courant de leur folie. Les voisins étaient choqués. Ils cherchaient à comprendre ce qui leur était passé par la tête.
Un mois plus tard, les Birgus avaient déménagé par honte et pour préserver leur fierté.
Josué, Laurine, (Marion,) Yousra
Tout a commencé lors d’un repas canadien. […]
Ils arrivèrent dans la cave. Ils s’apprêtaient à y passer deux semaines. Le père avait amassé suffisamment de vivres pour y tenir plusieurs mois. Des conserves et des plats déjà préparés ; c’est tout ce qu’ils pouvaient manger comme ils ne pouvaient pas se permettre d’allumer un feu.
La cave était spacieuse et contenait des lits, des douches et des toilettes. La grande bibliothèque où se trouvait la télévision avait été déplacée dans ce grand espace gris, sombre et triste. Le jour du départ, ils avaient fermé les stores, éteint la télévision et les lumières.
Une sensation de vide envahit les enfants Birgus ; ils se rendaient compte qu’ils n’allaient pas passer les merveilleuses vacances promises.
– Adieu soleil, air frais et verdure, pensa la mère en fermant la dernière fois la porte de la cave.
Ils se réunirent dans le petit salon improvisé fait de fauteuils installés en rond au milieu de la pièce.
Le père leur expliqua brièvement comment ils allaient vivre, en insistant bien sur le fait de ne donner jamais signe de vie, ou même d’ouvrir la porte.
Après leur petite réunion, chacun vaqua à ses occupations. Kevin et Vladimir allumèrent la télévision tandis que leur sœur, Violette, se pomponnait devant le miroir. La mère, vexée de la décision de son mari, considérant qu’il l’avait prise arbitrairement s’approcha de lui.
– Tu es tombé sur la tête ! s’exclama-t-elle. Te rends-tu compte de l’exemple que tu donnes à tes enfants ?
– J’en avais marre de les voir se vanter sans pouvoir faire de même, rétorqua-t-il.
– Tu es un grand malade, je ne sais même pas pourquoi je t’ai suivie dans cette cave !
– Parce qu’au fond de toi, je sais que tu penses la même chose.
Tatiana le regarda avec dédain et alla nourrir une énième fois les poissons, installés dans un grand aquarium prenant tout un pan de mur.
Vladimir s’approcha de sa mère et lui demanda de lui donner un poisson.
– Mais pourquoi ? s’interrogea-t-elle.
– Parce que c’est bon.
– On ne peut pas les cuire
– C’est pas grave, c’est bon aussi.
Il se leva, ignora la réponse de sa mère qui sonnait à ses oreilles comme une mélodie lointaine et entreprit d’aller se laver les mains dans la salle de bain aménagée d’un évier de buanderie et d’une cabine de douche. Deux grands meubles faisaient office de murs reliés par une porte pouvant être verrouillée. Lorsqu’il abaissa la poignée, elle s’avéra fermée. Il toqua à la porte. La réponse tarda à venir : « Je me pomponne, j’ai bientôt terminé, s’éleva une voix fluette qu’il identifia comme étant celle de sa soeur. Il répondit d’un grondement sonore. Il se dit qu’il aurait dû lui installer un miroir rien que pour elle, en dehors de la salle de bain, car cette dernière serait difficilement disponible lors des deux prochaines semaines.
Au bout d’un quart d’heure, Violette sortit de la pièce coiffée élégamment de deux tresses. Ce fut d’un simple geste de la main qu’elle s’excusa, avant que son petit frère ne lui jette un regard noir.
Lorsqu’elle arriva dans la grande pièce, celle qui servait de salon, elle se rendit compte que tout le monde dormait. Elle décida d’en faire de même.
Le lendemain elle fut éveillée soudainement d’un cri perçant. Elle se précipita dans la direction de celui-ci, ce qui l’amena dans la pièce que ses parents appelaient « cuisine ». Sa mère était accroupie près des réserves de nourriture et hurlait. Violette s’approcha jusqu’à voir qu’une colonie de fourmis avait infesté les réserves.
Tatiana appela Constantin. Il accourut avant de se faire gronder comme un enfant.
– Enfin, espèce d’inconscient, commença-t-elle, te rends-tu compte ? Je ne mangerai pas une nourriture infestée de fourmis. Tu aurais pu voir qu’elles étaient là, partout dans la cave !
Comme pour ponctuer ses paroles, elle écrasa de l’index une fourmi qui s’aventurait sur son jean.
Constantin soupira et proposa ce qui pouvait l’être. Seules les conserves étaient encore consommables. Kevin et Vladimir qui avaient assisté à la scène fondirent en larmes. Les parents, énervés, ne s’en rendirent même pas compte. Violette était tétanisée, elle avait très peur. L’aînée Birgus adorait manger et pensait déjà pouvoir passer l’ennui par ce moyen.
– Il y a exactement trente conserves. Une boîte par jour pour deux personnes. Nous devrons nous rationner. Il n’y aura pas trop de problèmes. Certaines personnes n’ont même pas cette chance ! Voyez le bon côté des choses, dit Constantin d’un air faussement enjoué.
– Cette fois, c’en est trop ! s’exclama Tatiana. Tu vas arrêter tes enfantillages et on va remonter dans notre maison. Il n’est même pas pensable que nous nous privions de nourriture pour que nos voisins pensent que nous sommes à Fidji.
Constantin lui répondit d’un long discours, digne d’un homme politique. De sa voix douce, calme mais déterminée, il convainquit toute sa famille de le suivre dans sa folie. Au bout du compte, Kevin et Vladimir se calmèrent et Tatiana devint finalement même enjouée.
Constantin était fier de lui, sa famille était d’accord de le suivre.
Tout au long de la première semaine, la bonne humeur flottait dans la cave. Malgré le manque de nourriture, tous faisaient des efforts pour être agréables les uns avec les autres.
Mais quand les derniers jours arrivèrent, la famille Birgus devenait presque folle. Tous les jours, Violette se tenait sur une chaise et se coiffait frénétiquement les cheveux, Tatiana était accroupie dans un coin de la pièce, se balançait d’avant en arrière tout en murmurant rapidement des paroles incompréhensibles. Vladimir et Kevin, affectés par le fait de ne pas pouvoir sortir, se battaient à longueur de journées, ce qui irritait profondément Constantin qui recomptait sans cesse la nourriture calculée au plus juste.
La veille de sortir, au crépuscule, la famille se réunit au même endroit que le premier jour dans le salon.
Soudainement, la terre se mit à trembler et un bruit sourd se fit entendre. La famille se faisait secouer en tous sens pendant une minute et demie. Après cet étrange phénomène. Les Birgus ne dirent mot. Certains allèrent se coucher, tandis que d’autres continuèrent leurs tics excessifs, mais chacun dans son coin.
Le lendemain, les Birgus avient tous faim et grimpèrent les escaliers pour remonter dans leur maison, valises à la main. Lorsqu’ils ouvrirent la porte, ils furent sous le choc.
La maison, du moins ce qu’il en restait, était dévastée. Les murs étaient au sol, le toit n’existait même plus, les meubles, les objets, la vaisselle, tout était sens dessus dessous.
Les Birgus marchèrent dans les restes de la maison. La tondeuse du voisin se trouvait au milieu du salon. Le sol craquait sous chacun de leurs pas, à cause des débris divers. Rien de récupérable. Ils regardèrent autour d’eux. Les maisons des voisins et tout le quartier était dévasté. Le décor apocalyptique avait glacé le sang de la famille qui restait choquée, sans émotion.
Une personne habillée de jaune s’approcha d’elle et se présenta comme étant médecin. Elle les informa qu’il y avait eu une tornade…
Marion (Josué, Laurine, Yousra)
[…]
Ça faisait déjà cinq jours qu’on était dans la cave. Mon frère n’en pouvait plus car il avait besoin de sa dose de cannabis. Vers quinze heures, mon frère m’a expliqué son plan :
– Vers trois heures, je vais essayer de sortir pour me procurer le cannabis, mais t’inquiète. Je serai de retour avant que les parents ne soient réveillés.
– Ce n’est pas une bonne idée Roberto, ai-je répliqué.
Mais je n’ai pas réussi à lui faire changer d’avis.
L’après-midi se passa plutôt bien car mon père était assez calme grâce à ses médicaments, ma mère n’avait pas bu de la journée et ma sœur était restée calme toute la journée.
Le soir venu, mon frère était vraiment tendu, ses mains tremblaient mais mon père n’arrivait pas à dormir car sa claustrophobie avait resurgi.
Vers 21 heures, mon frère fit semblant de s’intéresser à la maladie de mon père et lui proposa de reprendre ses médicaments pour qu’il se calme. C’était surtout pour que mon père s’endorme. A deux heures trente du matin, mon père dormait enfin. Alors mon frère se décida à sortir. Il ferma la porte sans bruit et alla chercher sa drogue. Je n’arrivais pas à dormir car je me faisais trop de souci pour lui. Vers cinq heures du matin, il revint enfin mais il n’était plus le même à cause de sa drogue.
Il faisait tout tomber dans la cave, alors mon père se réveilla en sursaut et quand il vit mon frère, il commença à lui hurler dessus, mais puisque mon frère n’était plus lui-même, il donna un gros coup de pied et lui déboîta le genou. Mon père hurla et tomba en arrière sur le sol. Il lui fallait un médecin, mais comment faire ? Nous n’étions pas censés être chez nous.
Alors mon père alla dans sa chambre et se coucha sur le lit en poussant des hurlements de douleur. Il dit à ma mère :
– Va me chercher de la glace dans le frigo avec mon anti-douleur, s’il te plaît.
– Mon chéri, il ne reste plus que trois médicaments pour ta claustrophobie et un anti-douleur. Comment allons-nous faire ?
– Va me chercher les plantes qui sont près de l’aquarium. Ce sont des plantes de Somalie. Quand j’étais petit, un grand mage m’a expliqué comment cette plante enlève la douleur. En revanche, elle provoque de grosses hallucinations.
– Quoi ? Tu fais pousser de la drogue dans la cave ? depuis quand ?
– Depuis longtemps, mais ce n’est pas ça la question. Va vite m’en chercher.
Ma mère alla vite lui couper quatre feuilles. Mon père les fit brûler et un petit liquide brun s’écoula de la tige. Mon père le mélangea aux cendres de la feuille brûlée et le but d’un coup sec.
Une heure passa. Mon père dormait depuis un quart d’heure quand soudain il se réveilla brusquement ; la douleur était revenue plus forte qu’avant. Alors il reprit deux doses du remède fait maison. Puis il s’assit sur le canapé et resta calme toute la soirée.
Pendant la nuit je le vis reprendre une dose.
Au bout de trois jours, il prenait du remède même s’il n’en avait plus besoin.
Le lendemain, les plantations étaient épuisées. Alors il sortit de la cave pour chercher le reste des plantes dans le jardin. Personne n’était au courant car tous dormaient. Notre voisine crut que c’était un cambrioleur donc elle prit le téléphone et appela la police. La police arriva cinq minutes après et nous fit sortir de la cave.
Notre père fut soigné à l’hôpital de la ville puis emprisonné pendant un an pour séquestration.
Pour conclure, je me réveillai en sursaut…
Je ne savais pas si c’était un bon ou un mauvais rêve car il nous restait quinze jours.
Gaëtan, Gil, Jimmy, Tobias
[…]
Le soir même, il demanda à sa femme de venir l’aider à monter les valises de la cave. Il profita de l’occasion pour la pousser dans la cave et fermer à clé. Il fit de même avec ses enfants. Il prit des couvertures, s’assura que tous les stores étaient fermés et s’enferma avec le reste de la famille. Il dut ensuite expliquer son acte.
– Tu as perdu la tête, s’écria sa femme.
– Désolé de vous avoir emmenés ainsi dans la cave, mais le voyage aux îles Fidji est financièrement impossible. C’était un mensonge pour impressionner les voisins.
– Mais es-tu fou ! s’écria Violette. Allons-nous rester enfermés ici pendant deux semaines ?
– Nous n’avons pas le choix…
– Ça va être amusant ! cria Vladimir.
Le reste de la famille fixa Vladimir avec un regard soutenu et ils soupirèrent.
– Bon, allons dormir, dit le père.
– Mais où dormirons-nous ? s’interrogea le fils.
– Nous prendrons les matelas derrière l’aquarium, s’exclama le père.
– Il se fait tard, nous en parlerons demain, dit sa femme.
Kevin s’énerva et alla jouer à la Xbox 360 dans le coin de la pièce. Vladimir, trop petit pour regarder, alla dormir avec sa maman. Violette prit son ipod et partit écouter de la musique pour se changer les idées.
Le lendemain, le père était le premier levé et profita pour faire le programme des jours à venir. Il avait minutieusement préparé l’emploi du temps :
– lundi : temps libre
– mardi : repos
– mercredi : cours sur les îles Fidji
– jeudi : karaoké fidjinais
– vendredi : cours de gymnastique
– samedi : cours de danse fidjinaise
– dimanche : cours de préparation de repas fidjinais
Une semaine plus tard, Tatiana était la première réveillée. Elle profita de l’occasion pour chercher les clés de la cave. Elle fit tomber le petit aquarium ; Constantin se réveilla en sursaut et accourut vers le bruit. Il fut stupéfait et effrayé en voyant du sang sur le sol. Tatiana avait été blessée par les débris de verre.
Vu que les blessures étaient profondes, Constantin n’eut pas d’autre choix que de l’emmener à l’hôpital. Il monta au garage et démarra à toute allure. Il fit attention de la poser sur la banquette arrière avec une couverture.
Comme il était 8h 30, les voisins virent la voiture des Birgus s’en aller en direction de l’autoroute. Les Achigan, surpris, prirent leur voiture et suivirent les Birgus jusqu’à l’hôpital.
Constantin sortit Tatiana de la voiture et le conduisit au plus vite aux urgences sans faire attention aux Achigan. Après l’opération, Constantin entra dans la chambre de l’hôpital mais Tatiana voulait être seule. En sortant de la chambre, Constantin vit ses voisins l’attendant en face de la chambre. Constantin fut mal à l’aise, il leur dit qu’il leur expliquerait plus tard dans sa maison.
Rentrés au domicile après une longue explication, les voisins ne savaient pas quoi dire.
Constantin était très embarrassé, mais le père Achigan prit la parole :
– Tu aurais pu nous dire la vérité ! s’exclama-t-il.
– Je ne pouvais pas revenir sur mes mots après avoir parlé des îles Fidji, dit Constantin.
– On aurait compris, on est amis, pas vrai ?
– Oui… désolé.
Un mois plus tard, Tatiana sortit de l’hôpital et les enfants allèrent à l’école, comme si rien n’était arrivé.
Alexis, André, Deniz, Vincenzo