SUR LES TRACES DE MON PÈRE
NOUVEAUTÉ MAI 2024
- Qui êtes vous ? Cette question me fait sourire : n’est-elle pas la recherche de toute une vie ? Comme la mienne n’est pas encore terminée, je cherche encore et toujours à y répondre.
- Quelques constantes observées au fil des ans : l’envie de faire les choses sérieusement, sans toutefois me prendre au sérieux ; la nécessité de ne pas oublier que rien n’est jamais acquis et donc de me préparer chaque jour à partir vers de nouvelles aventures, bénéfiques ou pas ; la curiosité et l’humour en guise de prévention contre l’ennui et le ressentiment.
- Sortie du rapport marchand à l’activité depuis six ans, j’ai le privilège de pouvoir maintenant disposer librement de mon temps. Je l’utilise en priorité pour cultiver la douceur (c’est du boulot pour un tempérament comme le mien) et la légèreté dans un environnement que je trouve rude et lourd, ainsi que le mouvement, dans la tête et le corps, pour éviter la sclérose.
- Concrètement, je consacre trois à quatre heures par jour à mon activité de lectrice pour la Bibliothèque sonore romande, et plusieurs heures par semaine à échanger avec des amis ou des proches, à donner des coups de main, à fréquenter une salle de sport, à découvrir un lieu, une expo, un film, à écrire, à cuisiner, à tricoter, etc.
- Pourquoi avez vous écrit ce livre ? Parce que j’avais envie d’en savoir plus sur le parcours de mon père que j’ai si peu connu et de transmettre ce que je découvrais au fil de mes recherches, en particulier à mes fils.
- Si vous aviez seulement sept, huit lignes pour donner envie de lire votre livre ? La quatrième de couverture me semble répondre à cette question. La voici un peu remaniée :
- En 1961, Jules, mon père, meurt d’un cancer. Il avait trente-huit ans et vivait dans le Val d’Anniviers (Valais). Impliqué dans la vie et le développement de ce coin du monde, il a été instituteur, postier, vice-président de sa commune. Des décennies plus tard, je le re-suscite pour le prendre à témoin de son parcours. Je creuse dans mes souvenirs d’enfance, interroge ma fratrie, recourt à l’imagination pour combler les trous et mène l’enquête jusqu’au sommet de La Chapelle de Zinal. Au fil du récit, mon père – resté dans ma tête un monument de glace – se réchauffe, prend des couleurs, se nuance, devient humain. À travers des légendes, on perçoit l’origine des habitants de la Vallée, on s’immerge dans un climat de patriarcat, de transhumance, de tremblement de terre, d’avalanches de neige et de naissances, de fêtes au village, de construction de barrages, de descentes à skis. On suit la vie de la famille et celle de la vallée qui se transforme, dans ce mélange intime et communautaire.
- La phrase dont vous êtes le plus fier dans votre livre ? C’est une phrase interminable, alors que j’écris naturellement des phrases plutôt courtes. Celle-ci s’est construite d’elle-même au moment où j’entamais le chapitre « Sarcome ». Je me suis alors sentie submergée par le chaos que devait vivre mon père à l’annonce de son cancer : Et, pour ce récit, aussi précis que possible, mais aussi échevelé que nécessaire, et il l’est ici d’autant plus que votre vie prend désormais une tournure dramatique et, sombrer dans le pathos avec des yeux baignant dans les larmes, ne ferait que compliquer les choses et ne serait en outre pas fidèle à votre propre posture, puisque vous avez continué à être bien vivant malgré tout, on l’a raconté, pour ce récit donc, il nous faut débuter par ce qu’il est possible d’objectiver, sachant toutefois que quoi qu’on fasse le récit ne peut avancer que de manière chaotique, comme votre vie d’alors, puisqu’à l’intérieur de votre corps des cellules se sont mises à proliférer hors de toute raison.
- L’auteur qui vous a inspiré pour lire et écrire ces dernières années ? Une multitude d’auteurs, y compris des personnes dont je n’apprécie pas particulièrement le style ou même des navets dont l’influence a été dissuasive. Le fait de lire à haute voix, trois à quatre heures chaque jour ou presque, des ouvrages de toutes sortes, (romans, essais, autofiction, et même de la littérature érotique ou quelques livres pour la jeunesse) est un entraînement à l’écriture : il enrichit mon vocabulaire, élargit les possibilités de dire, me donne plus de liberté. Je suis particulièrement redevable aux femmes, dont certaines très jeunes, qui écrivent aujourd’hui des ouvrages touchants et audacieux.