1/ Qui êtes-vous, Maxime Ruschmann ?
Photo Gustave Deghilage pour Plaisir de Lire
M.R Un amoureux de lecture et d’écriture, avant tout. Du plus loin qu’il m’en revienne, j’ai toujours aimé lire, découvrir des histoires et des personnages singuliers.
Né en 1997, j’ai effectué des études de sciences politiques et de géographie politique à l’Université de Genève puis j’ai travaillé une année à l’Ambassade de Suisse en France. En rentrant de Paris, j’ai suivi la voie qui m’attirait depuis longtemps : le journalisme. Je travaille aujourd’hui dans la presse écrite, au Journal de Morges, un hebdomadaire qui couvre l’actualité de la région morgienne.
En parallèle, je passe de nombreuses heures dans les salles de théâtre et de cinéma ou les musées – des espaces qui nourrissent mon inspiration.
2/ Pourquoi avez-vous écrit ce livre : Déranger les morts ?
Sans doute comme pour beaucoup de nouveaux auteurs, tout a commencé avec le confinement, en 2020. Pendant cette période, je me suis donné un défi personnel consistant à écrire un texte par jour, basé sur une phrase imposée. Je me suis pris au goût de l’écriture et j’ai appris progressivement à donner du corps à des personnages.
Puis, en octobre 2021, à une époque où je n’étais pas forcément le plus heureux, j’ai rédigé ma première nouvelle en l’espace de deux jours. C’est alors que m’est venu l’idée d’écrire Déranger les morts, qui se compose de dix nouvelles reliées les unes aux autres, selon un modèle que développait par exemple l’écrivain Danilo Kiš dans Un Tombeau pour Boris Davidovitch.
Je vois l’écriture comme un exutoire, comme un moyen de laisser libre cours à mon imagination, tout en distillant çà et là, dans les histoires, des éléments personnels ou intimes qui me tiennent à cœur de décortiquer. C’est aussi – et avant tout ! – un jeu, somme toute très solitaire, qui me permet de m’amuser avec les mots, les formules, et m’offre une délicieuse liberté.
3/ Si vous aviez seulement sept, huit lignes pour donner envie de lire votre livre ?
J’utiliserais quelques mots-clés : comique, parodique, absurde et (très) cynique. Ces termes définissent, dans l’ensemble, ce que j’essaie de transmettre avec ce livre. À travers ses différentes biographies fictives, Déranger les morts est également une énigme : il invite les lecteurs à se poser des questions, à se perdre à la frontière floue entre le réel et l’imaginaire, à se demander si ce qui est raconté s’est véritablement déroulé. Il faudrait ajouter à cette liste le terme « singulier », car ce recueil de nouvelles présente l’originalité de voir s’enlacer ses chapitres, au sens où les personnages se retrouvent au fil des pages et évoluent ensemble sur une gigantesque frise du temps.
4/ La phrase dont vous êtes le plus fier dans votre livre ?
« Il est parfois des individus qui courent en amour comme ils courent dans la vie, ne prenant pas le temps de respirer. Ils s’essoufflent sans même y prendre garde et laissent derrière eux des traces de transpiration sur lesquelles s’encoublent les relations. »
5/ L’auteur qui vous a inspiré pour lire et écrire ces dernières années ?
Il y a en a deux principaux. Nathacha Appanah, en premier lieu, car ses livres sont des chefs-d’œuvre de douceur et de bienveillance. Je n’ai jamais rien lu de si juste et de si équilibré ! Parcourir ses romans et nouvelles, c’est plonger dans le cœur des sentiments de ses personnages et c’est sentir que l’autrice pose sur eux un regard de compréhension, absent de jugement. C’est aussi pleurer face aux immondices du monde et être époustouflé par les atmosphères décrites. Son livre Le Ciel par-dessus le toit est l’ouvrage qui m’aura le plus marqué ces dernières années, de loin.
Pierre Lemaître, ensuite, pour sa formidable capacité à faire naître des fresques de personnages singuliers et son talent à tenir les lecteurs au fil de récits historiques aux détails croustillants. Sa trilogie Les Enfants du désastre – notamment le deuxième tome Couleurs de l’incendie – en est un exemple parfait. Je me suis inspiré de son écriture pour rédiger Déranger les morts, et je dois avouer que sa faculté à construire ses narrations est impressionnante… si ce n’est intimidante !