Danielle Coquoz a fait des études de Sciences Politiques. A la suite d’une rencontre fortuite avec une amie rue du Bourg à Lausanne, elle va diriger un centre pilote pour les jeunes toxicomanes dans les années 70, puis rejoindre le Comité International de la Croix Rouge en tant que déléguée. Pendant plus de vingt-cinq ans, elle ira sur les champs de guerre, au secours des victimes et des rescapés de nombreux conflits aux quatre coins de la planète. Désormais à la retraite, Danielle Coquoz se consacre entre autres à deux de ses passions: la photographie et l’écriture. Avec son dernier roman Rio Wangki, elle revient sur une de ses missions les plus rocambolesques : la réinstallation au Nicaragua des indiens Miskitos sur leurs terres au fin fond de la jungle.
–Comment êtes-vous entrée au CICR ?
Danielle Coquoz : En ces temps lointains (début des années 1980), il y avait peu de femmes déléguées du CICR, c’était encore considéré comme un métier d’homme. Il fallait donc se montrer très déterminée et pouvoir démontrer qu’on avait déjà acquis de solides expériences. C’est ainsi que j’ai été acceptée.
–Ce métier vous a-t-il pleinement satisfaite ? Avez-vous des regrets sur les grandeurs et misères du métier d’humanitaire ?
D.C : La situation des gens plongés dans les guerres est souvent si horrible qu’on regrette sans fin de n’avoir pas pu les aider davantage. Finalement comme les regrets ne servent à rien, mieux vaut accepter que l’on a fait tout ce qu’on pouvait, au vu des circonstances. Parfois c’est beaucoup, parfois c’est très peu…
-Comment restez-vous en phase avec vos missions d’hier dans votre vie de tous les jours?
D.C : Je suis à la retraite depuis plusieurs années, j’ai entièrement quitté le domaine humanitaire, place aux jeunes pleins de l’énergie indispensable à ce métier! Donc ma vie quotidienne est très loin de tout ça. Je fais beaucoup de photo, je travaille les images, j’écris aussi. Il y a des phases qui peuvent sembler très différentes dans une vie, même si je pense qu’un fil secret les relie. L’écriture de Rio Wangki m’a replongée dans « mon époque humanitaire » car je souhaitais en partager l’aventure avec d’autres personnes. Je suis très heureuse des retours que je reçois!
-Êtes-vous préoccupée par le réchauffement climatique?
D.C : Il est là, gravement, c’est indéniable. Chacun peut changer plusieurs choses, maintenant bien connues de tous, dans son comportement quotidien. J’espère que le mouvement de la jeunesse pour le climat va non seulement durer, mais prendre plus d’ampleur. J’espère aussi que la jeunesse s’engage fortement en politique et pas seulement dans des associations. Il faut arriver à peser là où se prennent les décisions.
-Qu’aimeriez-vous lire cet été avec un adolescent?
D.C : Je ne connais guère, actuellement, de livres spécifiquement pour ados. Mais j’ai envie de partager mon enthousiasme pour Le Voyage de l’Éléphant , de José Saramago. C’est merveilleusement drôle et intelligent et je parie qu’il n’y a pas besoin d’attendre d’être adulte pour l’apprécier!
Je lirais aussi avec lui La saga Malaussène de Daniel Pennac: « Au bonheur des ogres, La fée Carabine, La petite marchande de prose, Monsieur Malaussène… » C’est avec cette saga d’une joyeuse tribu hétéroclite, à Belleville, pleine d’un esprit tendre et impertinent, que ma jeune nièce adolescente est devenue une lectrice enthousiaste, alors qu’elle était totalement réfractaire à la lecture jusque-là! Délicieux et intemporel!
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