Description
Lorsque Camille, récemment veuve, cherche un nouveau toit pour elle et sa fille, elle est mystérieusement attirée par une maison dont les occupants cherchent une colocataire. En s’installant, elle plonge dans l’univers de ces artistes marqués par leur passé commun. Que se cache derrière leur bienveillance apparente ? Quel événement a bouleversé leurs vies ?
Ils étaient autrefois libres, non conventionnels, pleins d’illusions et découvraient l’amour, l’art, la vie en communauté. Ce passé complexe se compose de pièces de puzzle, qui s’emboîtent au fil des pages. À ces pièces vient s’ajouter la présence d’une mystérieuse Ombre qui plane sur leur existence. Les incidents se multiplient, mettant à mal l’harmonie de la villa et de ses locataires. D’une façon incontrôlable, la vérité refait surface, confrontant chacun à son passé. Mais qui est cette Ombre et pourquoi en veut-elle aux habitants de la maison ?
Revue des médias
Radio Chablais, Torpedo. Interview de Marie Javet à partir de la 23e minute.
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De nuit, la maison semblait endormie au fond de son jardin. À l’exception du bruit du vent qui déplaçait les feuilles mortes sur l’allée de graviers blancs dans un léger froufrou, le silence régnait. La lune était dans son premier quartier, sa pâle luminosité éclairait les murs de pierre grise et se reflétait sur les fenêtres. Les deux tourelles se dressant dans la nuit donnaient à la bâtisse l’aspect d’un petit château médiéval. Dans le jardin, des ombres presque immobiles : le bosquet touffu sur la gauche après la grille, l’eau calme de l’étang que l’on entrevoyait derrière, et sur la droite de l’allée, des arbres qui dressaient leurs branches presque dénudées vers le ciel, tandis qu’au loin, les longues lianes d’un saule pleureur venaient caresser l’herbe à chaque bourrasque.
En dessous des arbres, on devinait la présence d’un banc, trois chaises et une table. Tout était immobile. Sauf une ombre qui se déplaçait lentement. Elle se mouvait presque sans bruit dans le jardin, à l’exception du léger craquement des feuilles à chacun de ses pas.
Au fond du bosquet de résineux se trouvait une grotte artifi- cielle, une pâle imitation de celles que l’on pouvait admirer dans les jardins italiens, comme celui de Boboli à Florence. Une fontaine asséchée, derrière laquelle se dressait, sur un socle, une statue recouverte de vert-de-gris, en décorait l’entrée. Elle représentait une femme tenant un cygne dans les bras. Elle illustrait la légende de Zeus, qui avait pris la forme d’un animal pour séduire Léda, femme du roi de Sparte.
L’Ombre glissa les doigts au fond du bec du cygne, et appuya sur un bouton. Le socle amovible de la statue se déplaça, révélant quelques marches qui s’enfonçaient dans le sol. Le mécanisme était un peu grippé, mais il fonctionnait toujours. L’Ombre descendit les escaliers de pierre et se retrouva dans une galerie obscure. Elle sortit une lampe de poche qu’elle avait glissée dans un sac à dos et progressa lentement. Elle constata que, d’une de ses visites à l’autre, le passage se détériorait. Elle devait éviter les éboulis et les cailloux qui se trouvaient sur son chemin. Elle passa sans sourciller devant le squelette humain qui ne l’émouvait plus depuis bien longtemps, avec ses côtes saillantes, son sourire éternel et ses orbites sombres.
Au bout de la galerie souterraine, l’Ombre actionna un levier dans le mur qui fit glisser la paroi. De l’autre côté se trouvait la grande cave de la maison. Une fois à l’intérieur, elle enclencha un interrupteur caché derrière les étagères à vin. La paroi se referma. Pour l’observateur qui ne se doutait de rien, elle était indétectable. Aucun des imbéciles qui vivaient dans la maison ne soupçonnait l’existence de ce passage. L’Ombre seule en connaissait le secret.
Depuis la cave, elle remonta une série d’escaliers et accéda au hall d’entrée. Elle avança sur le sol dont les carreaux noirs et blancs, en damier, se révélaient dans la lumière nocturne qui pénétrait par les fenêtres. Comme lors de ses dernières visites, elle explora chacune des pièces du bas : la cuisine avec sa baie vitrée et le salon qui se prolongeait en salle à manger. Au premier étage, en dehors des trois chambres où les habitants dormaient, il n’y avait qu’une salle de bains. Une pièce chargée elle aussi des drames du passé, mais qui ne l’intéressait pas à présent. Elle se hâta donc vers le deuxième étage. Celui qui avait connu les ravages des flammes, les murs noircis, les parquets détruits par le feu. Elle devait admettre qu’ils avaient fait du bon boulot. Les rénovations progressaient.
L’Ombre termina sa visite nocturne par la seule pièce qui avait été plus ou moins épargnée par les flammes à l’époque, la seule qui avait été habitée dès le départ de la colocation, ou devait-elle dire cohabitation ? Communauté ? Qu’avaient-ils été au fond, les uns pour les autres ? Famille, certainement pas, ou alors famille dysfonctionnelle. Mais n’était-ce pas le cas de toutes les familles, qu’elles soient de sang ou de circonstances ?
Jusqu’à récemment, la pièce, inoccupée depuis des années, avait servi de débarras. Elle abritait des toiles de peintre, des caisses et des boîtes chargées de bric-à-brac. Des sculptures aussi. Un foutoir monstrueux... Mais là, elle avait été entièrement vidée et rénovée. Et l’Ombre savait très bien pourquoi. Ou plutôt pour qui.
Depuis qu’elle était revenue, l’Ombre explorait les lieux régulièrement. Elle épiait les habitants de la maison, jubilant à l’idée que leurs vies n’étaient guère plus trépidantes que la sienne. Mais la sienne allait le devenir, ô combien ! Leur dernière initiative, venant rompre la monotonie de leurs tristes existences, lui avait donné une petite idée, alors qu’elle cherchait comment accomplir sa vengeance. Une idée qui reposait sur une conjonc- tion de circonstances qu’elle avait interprétée comme un signe. Elle avait simplement donné un petit coup de pouce au destin. Il ne lui restait plus qu’à régler la mise en scène depuis les coulisses. Et ensuite à sortir de l’ombre pour se placer sous les projecteurs, pour jouer la grande scène finale. Tout se payait un jour. Et cette addition-là serait salée... Elle coûterait des vies. Certains la donnaient, l’Ombre la prenait. Elle avait déjà deux meurtres à son actif. Et n’en éprouvait pas le moindre remords.
Librairie Atmosphère –
Ce livre ? Je l’ai dévoré ce dimanche ! Bravo à Marie Javet pour ce roman qu’on ne lâche pas : les personnages sont attachants et on rêve (presque, suis sauvage) d’une colocation dans cette maison si belle et mystérieuse !…le passé nous rattrape toujours…Lisez-le vous comprendrez !
Bouquiner.ch –
Qui est cette Ombre ? Voilà la question qui m’a suivie tout au long de ma lecture. L’intrigue est telle que je me suis prise au jeu, au fil des pages, à essayer de découvrir qui est l’Ombre. A chaque fois que Marie Javet me dévoilait un bout de l’histoire, j’imaginais découvrir l’Ombre et pourtant, elle a si bien ficelé son suspens qu’il m’aura fallu arriver à la fin, tout comme Camille, pour connaître la vérité.
Marie Javet a un style d’écriture que j’aime beaucoup. Une écriture littéraire dans laquelle son choix de mots est percutant. Elle nous entraine dans son monde avec des personnages intrigants et attachants, une histoire passionnante. Ce roman, comme « La Petite Fille dans le Miroir », a tout pour qu’il nous soit impossible de le lâcher une fois qu’il est commencé.
Avant que l’Ombre… est une véritable pépite littéraire qu’il est impératif de découvrir dans cette rentrée littéraire !
Passions Romans –
Très beau style… Des personnages énigmatiques, inquiétants parfois, presque trop avenants – comme un air de musique qui sonne faux -, mais aussi un univers troublant, magnétique, ou encore une atmosphère paradoxalement lourde, pesante et légère à la fois.
L’auteur nous sert une introduction très énigmatique, justement, et assez floue. Deux notions ressortiront tout de même à travers cette opacité : la douleur et la vengeance.
Une accumulation de plusieurs paramètres fera en sorte qu’une jeune veuve et sa petite fille vont se retrouver dans un nouveau logement sur les hauts de Lausanne, en Suisse, plus précisément dans une colocation. Nous pourrions alors prétendre que le hasard, une fois de plus, fait plutôt bien les choses. Sauf qu’ici, le hasard n’a absolument rien à voir. Un plan mûrement réfléchit est en train de se mettre en place.
Avant de répondre à une petite annonce et de se fier aux apparences ou aux premières impressions, il faudrait parfois prendre un peu de recul. Mais lorsque vous êtes dans une période qui vous rend très vulnérable, c’est difficile d’être vigilant.
L’auteure nous baladera dans le temps, dans le passé, afin de nous conduire vers la source, vers l’origine de certains faits. Nous pourrons alors nous imprégner davantage des personnages, de leur vécu, de leurs erreurs. Petit à petit, un puzzle va être constitué, faisant apparaître une image pas très glorieuse. Les pièces, qui s’emboîtent à travers le temps, à travers les pages, seront placées stratégiquement par l’auteure afin de soulever ce voile qui rend les personnages si opaques.
Ceux-ci, comme je l’ai dit au début, sont assez troublants. Nous sommes au sein d’une colocation, voire une communauté, dans une vieille maison de maître qui semble contenir de vieux et lourds secrets. Cette colocation est composée de membres très hétéroclites, mais ayant tous un point commun : ce sont des artistes qui ont privilégié la vie simple, à la bohème. L’Art est omniprésent, mais le malaise qui nous gagne aussi.
Pour augmenter encore un peu plus le trouble qui gravite autour de cette bâtisse, une personne – une ombre ! – sera constamment aux aguets et attendra patiemment le bon moment pour agir. La rancune semble l’animer au plus haut point.
Finalement, nous pouvons clairement affirmer que le passé nous rattrape quasiment à chaque fois. Ici, tout le monde devra en assumer les conséquences. En étant forcément « coupables » ? Le terme est large, je le conçois.
Le temps n’efface pas grand-chose, surtout pas la douleur, et fait parfois mûrir les choses, surtout la vengeance.
Nous allons grimper sur une échelle constituée d’une quarantaine années. La vie de bohème n’a visiblement pas que du bon. Entre insouciance, actes de légèreté, recherche de liberté, mais aussi entre responsabilités, vie pratique, jalousie et recherches de moyens, nous allons être témoins d’une sorte de dégringolade.
Chapitre après chapitre, la vitre à travers laquelle nous suivons cette histoire va perdre toujours un peu plus de son opacité. Suivre toutes ces années va nous permettre de comprendre, de connaître et d’enclencher l’interrupteur qui nous permet de faire toute la lumière qui nous manquait pour enfin déceler les détails et les subtilités de cette trame.
Je dois dire que certaines révélations m’ont bien bluffé. D’autres, j’ai pu les anticiper quelque peu. Au final, cette histoire qui nous accompagne dans les méandres de la nature humaine, m’a bien séduit. Les contacts sont parfois – souvent ! – complexes.
Cette fable moderne nous montre que nous pouvons nous détester mais, paradoxalement, nous supporter juste par habitude. Elle nous montre aussi que nous pouvons nous détester sans jamais pouvoir nous pardonner. Lorsque la jalousie, l’envie, la douleur, la déception ou même l’amour nous mènent à la haine, il est parfois difficile de revenir vers la raison.
L’Ombre déchue nous le prouvera.
Bonne lecture.
Francis Richard –
Avant que l’Ombre… n’en sorte, il faudra quelque six mois. Et quelques heures de lecture… Encore que. Marie Javet donne en effet au lecteur un avantage sur les protagonistes puisqu’il connaît son existence avant que les protagonistes n’en prennent conscience.
Les six mois d’aujourd’hui – à cheval sur 2014 et 2015 – ne peuvent en effet se comprendre sans retours dans le passé… S’il n’y a pas unité de temps, il y a unité de lieu puisque l’histoire se déroule dans une maison des hauts de Lausanne avec parc et vue sur lac.
Cette demeure est dotée de deux tourelles arrogantes, l’une à l’avant et l’autre à l’arrière du bâtiment, qui lui donnent un air de vieille demoiselle à la fois guindée et fantasque. Elle a appartenu à une femme, Anthea Mermoz, qui, en 1968, s’y est immolée par le feu…
Camille est veuve, avec une enfant, Lucie, désormais sans logis. Son mari, mort dans un accident, n’a laissé derrière lui que des dettes. Elle a heureusement trouvé un emploi de secrétaire, mais n’a pas beaucoup de moyens pour se loger et songe à une colocation.
L’Ombre veille et fait en sorte que Camille choisisse de louer une chambre dans cette maison singulière qui sert de cadre à l’intrigue. Ainsi, pour l’Ombre, se retrouveront au même endroit tous les personnages sur lesquels elle a décidé d’exercer sa vengeance.
Le présent s’explique par le passé, comme toujours. A la fin des années 1970 et au début des années 1980, la maison, dont ont hérité les deux fils d’Anthea, qui ne s’entendent pas, est occupée, en attendant, par une colocation d’artistes qui eux apparemment s’entendent.
Quand Camille vient habiter la maison, certains des colocataires originels en sont partis et c’est, vraisemblablement parmi eux, bien que rien ne soit jamais sûr, que se trouve l’Ombre, se déplaçant à l’insu des colocataires qui y sont restés et qui font bon accueil à Camille.
Peu à peu, au fil du roman, le lecteur apprend à connaître les premiers colocataires et découvrent leurs secrets. Mais, même s’il en sait plus que les protagonistes, il lui faut tout de même attendre la fin pour apprendre quels liens les unissent et les désunissent …
Une fois que l’Ombre est identifiée, l’atmosphère devient plus lourde encore pour les rescapés de la colocation. Car l’Ombre, toujours tapie, garde jusqu’au bout sa capacité de nuisance. Jusqu’au bout? Marie Javet, qui tire les ficelles du récit, lui réserve une surprise…
Fattorius –
Ah, l’Ombre! Qui est-elle? Homme, femme, ou quelque chose d’autre? Dans son deuxième roman « Avant que l’Ombre… », l’écrivaine Marie Javet ferme peu à peu les portes, jusqu’à ce que la vérité apparaisse, évidente, au lecteur. Restent les explications, à la fois légitimes et irrecevables comme dans tout bon polar… Ce roman place en son centre le personnage de Camille; cette jeune femme se retrouve dans une maison qui a une histoire. Or, cette histoire interfère avec la sienne. Comme si l’on était en présence d’un complot: après tout, si les complots font de la mauvaise information, ils sont à la source d’excellents romans. Voyons ce qu’il en est…
Tout l’article est sur :
http://fattorius.blogspot.com/2018/10/marie-javet-des-secrets-autour-dune.html
Silence je lis –
Comme dans son premier roman la plume de l’autrice qui se veut accessible mais d’une très belle justesse diffuse le suspens et la confusion tout en mettant lentement en place une à une les pièces du puzzle jusqu’au dénouement.
Entre passé et présent le roman se déroule pratiquement en huis clos dans cette maison particulière où l’on retrouve des personnages plutôt marginaux. Une ambiance très resserrée que j’apprécie énormément, cela donne une petite sensation de proximité à la limite du voyeurisme.
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