Bénédicte Litzler, avocate à Paris a aimé “L’homme qui vivait dans les trains“ d’Andrea Gianinazzi
Plaisir de Lire : Pourquoi faut-il lire ce livre ?
Bénédicte Litzler : Je n’achète jamais un livre pour sa 4ème de couverture, ni parce qu’il a de bonnes critiques. C’est l’auteur, mais aussi la poésie, la beauté d’un titre et parfois même d’une couverture qui dictent le plus souvent mon choix. Quand j’ai découvert par hasard «L’homme qui vivait dans les trains », cet ouvrage m’a irrésistiblement attirée. Je me voyais déjà partie pour un long périple en Transsibérien ou en Transmongolien. Je m’imaginais au milieu des grandes steppes, des lacs bleu d’acier près d’un samovar avec un thé fumant. Je ne savais pas que j’allais lire un livre de nouvelles et j’avoue que cet ouvrage est très éloigné de ce que je m’imaginais. Il m’a magnifiquement surprise.
Plaisir de Lire : Qu’avez-vous aimé particulièrement ?
Bénédicte Litzler : Chaque nouvelle laisse à l’imaginaire de chacun une grande place. J’ai beaucoup aimé la nouvelle du « Tunnel » et « Entre avant et après ». Chaque fois que je prends le train et depuis que le livre d’Andrea Gianinazzi est sur ma table de chevet, je ne regarde plus vraiment la gare, les quais de la même façon. « Le Tunnel » a changé mon regard sur mon propre voyage quotidien. Son héros assure la sécurité de tous, en allant chaque nuit au péril de sa vie, contrôler les voies ferrées dans les tunnels les plus étroits. C’est un travail pénible et difficile l’amenant parfois à des découvertes incroyables et à des aventures inattendues que nous allons vivre avec lui. Quand il a fini sa tournée, il retrouve ses collègues du jour. Mais il est confronté à sa propre incapacité à communiquer aux autres, ses expériences, son vécu. L’homme de la nuit ne sait pas parler aux hommes du jour. J’ai été très sensible à la solitude de ce cheminot qui est en réalité le reflet d’une solitude partagée par tous, à la difficulté de partager nos émotions et nos ressentis.
Dans « Entre avant et après », nous retrouvons le thème de la solitude comme dans « Le Tunnel », mais aussi celui de la rupture, de la relation amoureuse. Les protagonistes de la nouvelle n’ont pas, comme nous mêmes dans nos propres existences, le contrôle de leur vie, cependant l’issue du voyage, cette fois à deux, pourrait se révéler plus heureuse que prévue.
Ce que d’ailleurs j’apprécie dans ces deux nouvelles, c’est que Gianinazzi nous laisse volontairement sur notre faim. Il ne donne pas le dénouement ! Il nous laisse la liberté, nous lecteurs, de continuer l’histoire dans notre tête et de repartir avec les personnages pour un autre voyage.
Plaisir de Lire : Quelle phrase, avez-vous aimée et relue plusieurs fois dans ce livre?
Bénédicte Litzler :« Il faisait cela chaque jour depuis que sa femme s’en était allée, le laissant veuf et désespérément seul ».
Dans la nouvelle de La Gare, un homme va tous les matins sur les quais chercher « ses personnages » : de parfaits inconnus à qui il ne parlera jamais mais qu’il suivra quelques heures dans la journée pour faire connaissance. Le soir, quand il rentrera chez lui, il pourra ainsi s’ imaginer les convier dans son salon. Comme si ces amis imaginaires allaient pouvoir prendre soin de lui. Nous passons la majorité de notre vie, à côté de nos semblables que nous pouvons croiser régulièrement sans tenter un échange, une discussion. Sans oser.
De multiples rencontres tristement silencieuses.
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