Sous les pavés gronde la rage. Celle de la nature brimée par l’homme, celle de l’homme malmené par la vie. Un aiguilleur du ciel au bord du précipice, une rockstar privée de voix, une jeune fille victime de son addiction au jeu, tous ces combattants invisibles luttent contre l’adversité. Comme le cours d’eau canalisé, enterré, domestiqué, ils débordent d’un élan de révolte. Car sous la surface, la rage de vivre les anime.
«La laitue s’égoutte dans la passoire. Deux bestioles pataugent au centre de l’évier. Sans doute cueillies avec la salade alors qu’elles s’activaient à traire les pucerons. Maintenant, ballotées par les vaguelettes de cette mer miniature, elles flottent en surface sans montrer de signes d’affolement. Marie hésite, faut-il intervenir ? Elle soupèse quelques instants la question et renonce. Dieu, s’il existe, n’influence pas le destin de ses créatures. Tout un chacun doit faire face aux épreuves avec ses propres ressources. Quel naufragé a déjà vu un doigt providentiel s’offrir alors qu’il cherche un radeau dans la houle ? »