Description
Nouvelles
211 pages
Des textes superbes, parfois drôles, plus souvent poignants, toujours profondément humains.
Incipit de la nouvelle “Le Retour sait attendre”, issue du recueil Mortes, mes îles:
“Gris. Un gris doux, mais tellement dense qu’il en devient universel. Tissé ample à vous recouvrir la terre entière, pas la moindre chance pour la plus petite île dissimilée au large de n’importe quel océan de lui échapper. Un gris cotonneux qui vous bloque la respiration: si l’on posait mes poumons là, sur la petite table blanche, et qu’au moyen d’un scalpel fraîchement affûté on en incise chaque alvéole, chaque microscopique canal, ce brouillard qui les emplit tenterait certes de s’élever comme une fumée ténue mais il serait immédiatement gobé par l’autre, le brouillard-élément dans lequel tout baigne.
Encore tout chaud du soleil grec, mon corps renâcle et s’insurge, refusant de s’intégrer à cette moiteur froide qui suinte de chaque objet que je touche, des barrières du balcon, de la poignée même que je viens d’abaisser pour fermer la porte-fenêtre. J’aurais beau faire: dans un instant moi aussi, il faudra que je me mette à sécréter mon cocon personnel.
Toutsi pleurniche, comme d’habitude. Ce chien m’agace. Je le sens qui frétille à mes pieds, mais ne le distingue qu’à peine: sa toison gris perle toute frisée ne forme qu’un petit nuage supplémentaire, à peine plus opaque que les volutes de brume qui s’entortillent autour de mes chevilles. Du moins est-il tiède, oui, tiens-moi chaud. Toutsi, tu me dois bien ça!…“
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